"Bien plus que des vignes"
Créé en 2021 à Ecaussinnes, le vignoble Côteaux des deux tilleuls totalise 20.000 pieds issus de sept cépages différents, et est travaillé en biodynamie. Terroir, végétal et environnement en sont magnifiés et c’est la promesse de vins de qualité. « Je rêvais de ce projet depuis 20 ans », explique Thierry Catteau.
Thierry démarre une formation en 2017 près d’Orléans, au Centre national d’enseignement agricola par correspondance(CNEAC). « En Belgique, à ce moment-là, il n’existait aucune formation professionnalisante en viti et viniculture », explique-t-il. Il y décroche un BAC+2 en viticulture, et poursuit sa formation auprès des vignobles belges de référence que sont Vin de Liège et le Domaine W, avant d’obtenir le statut de producteur agricole.
Aux Côteaux des deux tilleuls, pas de produits dits phytosanitaires. Pas non plus de grosse machine pour ne pas déstructurer le sol. L’objectif est de travailler de la manière la plus respectueuse possible à la fois de celles et ceux qui y travaillent, du sol et de celles et ceux qui apprécieront le vin produit.
La biodynamie et la vitiforesterie sont pratiquées afin de soutenir le vivant et de développer la biodiversité dans les parcelles agricoles. Il y a des haies autour du vignoble, des arbres fruitiers dans les rangs de vignes qui accueilleront les oiseaux, créeront de l’ombre bienvenue dans les années à venir et maintiendront l’eau proche des racines des ceps. Des huiles essentielles sont utilisées, des couverts végétaux sont plantés pour nourrir le sol et capter un maximum de carbone.
Les modèles viticoles en Belgique sont à créer, il faut tenir compte de tout. L’observation constante permettra de gérer distinctement chaque rang de vigne. Tout ça au prix d’un travail manuel constant, indispensable à la réussite du projet.
Les modèles viticoles en Belgique sont à créer, il faut tenir compte de tout. L’observation constante permettra de gérer distinctement chaque rang de vigne. Tout ça au prix d’un travail manuel constant, indispensable à la réussite du projet.
"Le vin c’est aussi des moments de convivialité
à l’occasion de travaux dans les parcelles."
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Les Côteaux des deux tilleuls dans les médias
Créé il y a deux ans – Le vignoble d’Ecaussinnes, de plus en plus végétal et biodynamique
Thierry Catteau espère procéder aux premières vendanges en 2025, et sortir ses premiers vins l’année suivante. Il n’hésite pas à procéder à diverses expérimentations sur son vignoble de 4,5 hectares, « mais toujours en respectant le vivant ».
Cedric Lobelle
Lancé en 2021, le projet de vignoble de Thierry Catteau poursuit son petit bonhomme de chemin à Ecaussinnes. Il y a un an exactement, il nous avait exposé son projet en long et en large : créer un vignoble grand de 4,5 hectares, placé sous le sceau de la biodynamie, du respect de l’environnement, et entretenu à 99,9 % de manière naturelle, sans machines sophistiquées.
Douze mois plus tard, son implication est devenue totale. Thierry Catteau a laissé tomber son mi-temps dans le secteur des assurances pour se consacrer à 100 % aux Coteaux des Deux Tilleuls. Le millième jour de travail approche à grand pas, à la fin du mois d’août. « C’est un boulot très physique qui exige tout mon temps », nous révèle-t-il.
Expérimentations
En 2021 et 2022, il a planté 20.000 vignes au total. Des variétés comme le Chardonnay, Pinot noir, Chenin et le Riesling, des croisements de cépages français, suisses et allemands, Cabernet-Cortis, Solaris, Johanniter, Souvignier gris. Afin de produire des vins rouges, blancs et mousseux.
Et en 2023, il a décidé d’expérimenter, mais en continuant de respecter le vivant au maximum. « C’est-à-dire le sol, naturellement très riche en nutriments et bactéries. Moi, je ne travaille qu’avec un petit tracteur d’un mètre de large, qui passe tout juste entre les rangs de vigne. C’est ma seule concession aux machines. »
Pour le reste, c’est le végétal qui règne. Et l’animal aussi, un petit peu. « Je me suis lancé dans une expérimentation de couvert végétal. En mai, j’ai semé, sur un hectare, entre les rangs de vigne, un couvert végétal avec des semis de 17 variétés de plantes : trèfles, légumineux, vesce, seigle, souci, etc. Ce mélange doit nourrir le sol sans concurrencer mes jeunes vignes. Au contraire, avec des racines de tailles différentes, le couvert végétal décompacte le sol, fissure la terre et favorise la pénétration de l’eau. Cela permet de lutter contre l’érosion bien entendu, mais cela influencera aussi la composition du sol et donc les arômes des futurs vins. »
Couvert végétal sur un hectare
Autre avantage: ce couvert végétal limite l’enherbement qui, lui, peut priver les jeunes vignes de nutriments dans le sol.
L’expérience est concluante : l’an prochain, les 4,5 hectares du vignoble seront également traités avec un couvert végétal. Et même deux : un au printemps, qui sera ensuite écrasé au rouleau (les végétaux, en pourrissant, nourriront également le sol) et un à l’automne.
Moins concluant, par contre, fut l’emploi d’un cheval de trait en fin d’année passée sur une autre parcelle d’un hectare.
Cheval de trait : pas top
Mais ce n’est qu’un demi-échec pour Thierry Catteau.
« J’ai utilisé un cheval de trait pour butter les pieds de vigne et ainsi les protéger du gel hivernal. Je suis passé avec un soc afin de creuser un sillon et ainsi recouvrir la base des vignes avec de la terre. Mais il y avait trop de mottes et le sillon était irrégulier sur ce sol pas assez bien préparé. Bref il faut donc creuser un premier sillon, retourner la terre sur quelques centimètres avec le petit tracteur, et ensuite butter les vignes. »
Le végétal et l’animal peuvent donc s’accorder selon Thierry Catteau, qui s’inscrit pleinement dans une démarche de vitiforesterie. C’est le même principe que l’agroforesterie, adaptée au secteur viticole : ajouter du végétal dans les parcelles.
600 mètres de haies et 50 fruitiers
« J’ai planté 50 arbres fruitiers, à haute tige, autour et dans mes parcelles : des pommiers et des poiriers. J’en ajouterai davantage et même dans les rangs de vigne à l’avenir. Grâce à un subside de la Région wallonne, j’ai aussi planté 600 mètres de haies en janvier. Et il y en aura d’autres, afin de favoriser les interactions. J’ai également installé une quinzaine des nichoirs pour les oiseaux : ils m’aident à lutter contre les insectes qui s’en prennent aux vignes. »
Dans la même logique, un apiculteur a installé trois ruches dans le vignoble. Les abeilles se régalent ainsi des fleurs issues du couvert végétal semé au printemps.
– De la trésorerie grâce au « prêt coup de pouce » des citoyens
L’objectif de Thierry Catteau est de procéder à la première vendange en 2025 pour ses « Coteaux des Deux Tilleuls » et de produire les premiers vins pour 2026. D’ici là, aucune recette « en propre » significative n’est attendue. Comment dès lors peut-il financer son vignoble, où il travaille à plein temps, avec ses mains… et en vivre ?
« C’est grâce au prêt coup de pouce de la Région wallonne », explique-t-il. « C’est un outil financier permettant de récolter jusqu’à 250.000€ par an. Les citoyens peuvent investir entre 1 € et 50.00€ dans des entreprises en Wallonie, et défiscaliser cet investissement. La première campagne a été intéressante, je vais en relancer une, car cela me permet d’avoir de la trésorerie en attendant de créer nos premières véritables recettes, en 2026 avec la vente des vins. »
Des vins pour lesquels il devra trouver des clients. Mais Thierry Catteau a déjà ses méthodes de communication. Via les réseaux sociaux, et son nouveau site internet,www.coteauxdesdeuxtilleuls.be en ligne à 90 %. Eric Boschman avec son projet www.trinquonslocal.be porté par l’Apaq-W, a également parlé du vignoble et sa méthode de couvert végétal.
« Une communauté s’est formée »
« Et puis, un dimanche tous les deux mois, des gens, connus et inconnus, intéressés par notre vision du vin et du respect de la terre, viennent nous donner un coup de main. On travaille ensemble le matin, on mange à midi et on reprend le boulot ensuite, dans la bonne humeur. Ils reviennent car ils s’y trouvent bien. Une petite communauté qui a été formée autour du vignoble et dont les membres, j’espère, figureront parmi mes premiers clients tout en faisant passer le message à leurs connaissances… »